Collection | Littérature française |
Parution | 24 août 2006 |
Livre | 140 × 205 mm 240 pages EAN : 9782879295374 18,30 € |
L'Homme qui jeûne
Belinda Cannone
Il aura suffi d’un prétexte – une rupture amoureuse assez prévisible et quelques reproches qui font mouche – à un homme pour qu’il s’engage dans une profonde remise en question, se retire du monde, se cantonnant à l’espace de sa chambre et s’efforçant d’ignorer ce corps qui incarne la part animale de l’être. Il décide de jeûner. Il jeûne pour rompre avec l’humanité, pour éprouver la validité de la vie.
Au fil des jours, l’homme s’affaiblit et doit garder le lit, livré aux souvenirs qui envahissent le huis clos de sa chambre. Sa rencontre à Vienne devant un tableau du Corregio (Jupiter et Io) avec Lucie, la femme qui l’a abandonné quelques mois auparavant. Ses soucis avec Myriam, la jeune femme qui l’a entraîné dans le Réseau, une association de malfaiteurs. Pour eux, il arpentait les musées, repérait les tableaux qui seraient ensuite volés et revendus à de riches collectionneurs. La peinture, les animaux, les arbres, la plongée sous-marine, par toutes ces passions, il s’est écarté peu à peu des autres. Tandis que ses pensées errent, entre souvenirs et délires, il se sent menacé par des visiteurs de plus en plus intrusifs. La gardienne de l’immeuble, son associé, Myriam, aucun d’eux ne semble comprendre son retrait du monde, aucun d’eux ne prend en considération le jeûne qui creuse de jour en jour ce corps qu’il voudrait oublier. Pourtant, une force vitale continue de l’habiter.
Dans ce roman écrit comme un soliloque, le suspens tient en quelque sorte au souffle du jeûneur, à son cheminement intérieur. La citation de Bachelard mise en exergue apparaît alors comme un défi lancé par l’écrivain à son jeûneur : «L’homme est une création du désir, non pas une création du besoin.»