« Je suis entrée au Monde un matin de novembre 1957, il y a trente ans. Je n’avais presque pas dormi la veille, je voulais passer de la nuit à l’aube, en fondu enchainé, comme la Jeanne d’Arc de Robert Bresson, je voulais voir l’aube, mais c’était toujours la nuit, le noir opaque de la ville. »

Une femme décide de tout dire. Pendant quatre ans, elle s’enferme. Pour repenser sa vie. Comme dans les tragédies grecques où les affaires du monde ne font qu’un, elle croit écrire son histoire, et c’est notre siècle qu’elle raconte. La guerre, la Libération, l’Utopie, et le reste. Mais voici que le mouvement s’inverse, on pensait lire des mémoires et c’est une intimité que l’on découvre : le mariage, un enfant malade, le voyage dans l’Amérique des seventies, une rupture. Des personnages s’approchent, s’éloignent, ils se nomment Alberto Giacometti, Hubert Beuve-Méry, Louis Aragon ou Orson Welles, chacun d’entre eux porte en lui un fragment de cette vérité qui ressurgit de l’oubli, là ou on l’attendait le moins.

Yvonne Baby met en résonance ses pensées les plus secrètes avec les émotions du monde. Elle écrit le roman vrai d’un monde perdu et d’un temps retrouvé.